Qu'est ce que l'Aïkido ?

L’aïkido (合気道, aikidō) est un art martial japonais (budo), fondé par Morihei Ueshiba entre 1930 et 1960. Il a été créé à partir de l’expérience que son fondateur avait de l’enseignement des koryu (écoles d’arts martiaux anciennes), essentiellement le ju-jitsu de l’école daitō ryū. L’aïkido est né de la rencontre entre ces techniques de combat et une réflexion de Morihei Ueshiba sur le sens de la pratique martiale et sur le pacifisme.

Le terme aïkido (aikidō en japonais) est composé de trois kanjis signifiant :
合 ai : du verbe au, union, harmonie, coordination.
気 ki : énergie, puissance interne.
道 dō : la voie, l’étude, la recherche

Aïkido peut donc se traduire par « la voie de la concordance ou de l’harmonisation des énergies ».

Les technique d'aïkido se pratiquent debout et à genoux ; à mains nues ou avec des armes (voir plus bas). L'Aïkido utilise essentiellement l'esquive, la non-résistance à l'attaque et les déplacements afin de faire le vide devant l'adversaire et de l’amener à un état de déséquilibre en utilisant l’énergie de son attaque. Les mouvements d'Aïkido s'inscrivent essentiellement dans des plans circulaires, verticaux ou inclinés, ou sous forme de spirales, suivant le type de technique employée. Ces techniques visent non pas à vaincre l’adversaire, mais à réduire sa tentative d’agression à néant. En Aïkido l’attaqué doit en premier lieu préserver son intégrité (notions de distance, de placement, etc.) mais doit également avoir en tête l’idée de préserver l’intégrité de son adversaire si cela est possible.

Dans l’esprit de l’aïkido, il n’y a pas de combat, puisque celui-ci se termine au moment même où il commence. Conformément à cette logique, il n’existe pas de compétition d’aïkido.

O sensei - Morihei Ueshiba

Moriheï Ueshiba est né le 14 décembre 1883 à Tanabe.

Dés son enfance Moriheï Ueshiba s’initie pratique du sumo afin de se fortifier physiquement en raison de la faiblesse de sa constitution. A 20 ans, il commence véritablement l’étude des arts martiaux et s’initie à diverses écoles de jujutsu traditionnelles ainsi qu’au Kenjutsu.

En 1907, Moriheï s’initie au judo du Kodokan mais continue parallèlement l’étude des jujutsus et du Kenjutsu traditionnels.

En 1912, Moriheï Ueshiba fait la connaissance de Sokaku Takeda (1860-1943) expert en Daïto ryu jujutsu. Cette rencontre est capitale dans la création de l’Aïkido puisque celui-ci tire dans une très large mesure ses racines de l’enseignement de Maître Takeda.

Présenté à Sokaku Takeda, Moriheï Ueshiba devint donc son élève et étudia de manière extrêmement intense pendant 7 années, à une époque ou Maître Takeda était au sommet de son art et de sa forme physique. La pratique était extrêmement dure et sélective. En 1922, Moriheï Ueshiba reçoit le titre rare et recherché de Kyogu Dairi, signifiant qu’il a maîtrisé la majorité des techniques d’Aïkijujutsu.

A la même époque, il rencontre Onisaburo Deguchi, Maître spirituel de la secte religieuse Omoto, qui aura une influence déterminante dans le développement spirituel de Moriheï Ueshiba. Les enseignements de Onisaburo Deguchi transformèrent les conceptions spirituelles de Moriheï Ueshiba et fournirent la base de la vision éthique et morale qui imprègne si profondément l’Aïkido.

Moriheï Ueshiba resta membre de la religion Omoto pendant 7 années mais finit par prendre ses distances avec elle vers 1935 lorsque le gouvernement Japonais en prononça la suppression et l’interdiction.

En 1924, Moriheï Ueshiba quitte secrètement le Japon en compagnie de son guide spirituel vers la Mandchourie et la Mongolie dans le but de créer une société idéale utopique guidée par les préceptes de la religion Omoto. Confrontés aux forces chinoises sur place, leur projet échoue et Moriheï Ueshiba est confronté à de nombreuses reprises à la violence et à la mort. Il manque même, en compagnie de ses compagnons d’être exécuté.

De retour au Japon, Moriheï se replonge dans l’étude des arts martiaux et enseigne son art à diverses personnes. En 1925, suite à une expérience de Satori (illumination) il décide de s’éloigner du Daïto Ryu aikijujutsu et de fonder son art propre: l’Aïki-budo.de 1927 à 1931 Moriheï Ueshiba enseigne à un nombre grandissant d’élèves.

En 1931 un dojo permanent nommé le « kobukan » est fondé et Moriheï Ueshiba forme de nombreux Uchideshi (ou élèves résidents) tels que Minoru Mochizuki, Gozo Shioda, rinjiro Shirata ou Noriaki Inoue. C’est pendant cette même période que ce dojo fut connu comme le « dojo de l’enfer » pour la dureté et l’intensité de ses entraînements.

Vers le milieu des années 1930 Moriheï Ueshiba était devenu célèbre dans le Japon. Au delà de sa maîtrise des techniques martiales héritées du Daïto Ryu, ce qui attirait le public était sa conception originale de la discipline martiale ainsi que ses valeurs éthiques et morales.

A cette époque, Moriheï Ueshiba est amené à réaliser plusieurs démonstrations publiques pour démontrer la validité de son approche martiale. Il est alors amené à affronter des sumotori, des boxeurs ainsi que des judokas ou des karatékas.

C’est vers les années 1940 que le nom Aïkido apparait réellement.

La seconde guerre mondiale et la défaite militaire du Japon affaiblissent la pratique des arts martiaux en général et de l’Aïkido en particulier. La direction de l’Aïkido passe alors de Iwama à Tokyo ou est fondé en 1954, l’Aïkikaï ou Hombu dojo. Le premier Doshu Kishomaru Ueshiba, fils de Moriheï Ueshiba prit alors la responsabilité du développement mondial de l’Aïkido pendant que son père continuait une pratique ascétique des arts martiaux à Iwama.

Le 26 avril 1969 Moriheï Ueshiba s’éteint à l’age de 86 ans.

Par la suite l’Aïkido a connu un développement constant et continu à la fois au Japon mais aussi mondialement.

La pratique de L'AïKIDO

L’aïkido se pratique essentiellement à mains nues ; mais on y ajoute également la pratique des armes, qui permet de travailler plus spécifiquement la notion de distance ; et de mieux comprendre les mouvements à main nues.

Photo: Arthur Hoareau ©

Qui peut pratiquer ?

L’aïkido n’est pas basé sur la confrontation physique, mais plutôt sur des techniques utilisant les placements et la force de l’adversaire. Cet art martial convient donc à tout âge, sexe et condition physique.

Les niveaux en aïkido

L’aïkido est un art purement défensif, et ne se prête donc pas à la compétition. La progression est évaluée lors de passages de grades. L’élève aïkidoka passe tout d’abord des kyu (équivalent des ceintures en judo) ; qui sont délivrés par le professeur. A partir du premier dan, les compétences du candidat sont évaluées par un jury.

Lors des entrainements, les pratiquants de tous niveaux sont mélangés. La confrontation de partenaires de niveaux différents permet de travailler différents aspects des techniques en fonction du niveau du partenaire ; et de favoriser l’échange de connaissances entre les plus gradés et les plus débutants. Certains cours dits « gradés » sont orientés vers l’approfondissement des techniques dont les principes fondamentaux sont supposés connus. Les pratiquants débutants sont néanmoins les bienvenus.

La pratique à main nue

L’étude d’une technique débute par une démonstration par le professeur ; qui décompose le mouvement et en explique les principes fondamentaux. Les élèves pratiquent ensuite en paires ; qui changent en général d’une technique à l’autre. Un élève (uke) attaque l’autre (tori) afin qu’il puisse réaliser la technique ; 4 fois (2 de chaque coté) ; puis les rôles sont inversés, et ainsi de suite jusqu’à ce que le professeur passe à la technique suivante.

Photo: Arthur Hoareau ©

Un mouvement s’organise en générale de la façon suivante :

Le uke , c'est-à-dire l’attaquant, celui qui subit la technique (littéralement « celui qui accepte, qui chute ») attaque le tori , c'est-à-dire celui qui fait la technique. L’attaque consiste en une saisie ou un coup, ou une combinaison des deux.

Il y a ensuite trois ou quatre parties qui se retrouvent toujours à la genèse d'une technique d'aïkido même si des variations peuvent être observées d'un style à un autre :

  • l'absorption : au moment où l'énergie de l'attaque de uke se libère (l'attaque part) tori bouge pour modifier la cible ou la trajectoire de l'attaque. C'est dans cette phase que le tori s'approprie l'attaque du uke au lieu de la subir.
  • l'entrée : le tori s'esquive par un pivot, avançant sur son côté, etc. Les possibilités sont nombreuses. Il peut également attaquer pour obliger le uke à une réaction de défense et exploiter cette dernière par la suite.
  • le déséquilibre : par ses déplacements et mouvements le tori dirige, entretient et amplifie le déséquilibre du uke en utilisant l'énergie cinétique et la force de celui-ci.
  • l'immobilisation ou la projection : le tori projette ou immobilise le uke. L'immobilisation s'obtient à l'aide d'une clef (au bras, au poignet…). La projection s'obtient à l'aide de différents contrôles au niveau du corps du uke (tête, coude, poignet…) privant ou dissuadant ce dernier de toute autre issue que la chute au sol.